Loi immigration : les député·es de gauche font cause commune

Par Elsa Faucillon, députée des Hauts-de-Seine

Le texte Immigration de Gérald Darmanin va être débattu en séance à l’assemblée nationale cette semaine. Il s’inscrit dans la lignée d’une frénésie législative avec plus de 20 lois sur ce thème en près de 40 ans.

La version initiale du texte n’avait déjà rien d’équilibrée comme le prétend le gouvernement. Il s’agit avant tout d’une machine à multiplier les souffrances des exilé·es et à fabriquer des « sans papiers ». De nombreuses mesures sont fondées sur une approche sécuritaire et répressive, alimentant des fantasmes qui associent l’immigration à la fraude et la délinquance, quand ce n’est pas le terrorisme. Quand aux quelques mesures décrites comme protectrices, elles sont largement insuffisantes voire contre-productives.

Les mesures promises par G. Darmanin pour ceux qu’il appelle les « gentils » migrants sont réduites à portion congrue.

La nouvelle version de la régularisation des travailleurs et travailleuses sans-papiers dans les métiers en tension est encore plus restreinte que la première version du texte. C’est pourtant un impératif économique, social et démocratique que de toutes et tous les régulariser.

L’examen du texte au Sénat puis en commission des lois à l’assemblée nationale a été le théâtre d’un déchainement de propos haineux et essentialisant à l’encontre des étrangers. Il a marqué le basculement net de pans entiers de l’échiquier politique. Par piètre tactique électorale ou par pure idéologie mortifère, les droites sont désormais prêtes à brader des principes qui font notre Histoire et fondent notre État de droit.

L’extrême droite déroule ses marottes xénophobes, la droite dite républicaine la mime avec zèle et, dans leur grande majorité, les macronistes laissent faire. Pire encore, au gré des discussions et des articles de loi, ils finissent par valider des thèses aussi dangereuses qu’infondées telles que « l’appel d’air » ou « le grand remplacement ».

Pendant ce temps, sur des plateaux télé, des charognards se jettent sur chaque drame pour tenter d’imposer leur logique du choc des civilisations.

Il n’y a pas deux France mais un peuple en quête d’unité autour de l’égalité !

Les députés communistes, écologistes, socialistes et insoumis ont fait cause commune pendant la première phase de discussion sur le texte, empruntant les mêmes mots, les mêmes arguments. C’est à noter car sur ce thème, ce ne fut pas toujours une évidence !

Nous tentons de faire entendre un autre récit sur l’immigration pour dire à la fois les drames vécus en Méditerranée et la volonté farouche d’inclusion de celles et ceux qui rejoignent notre pays. L’accueil, nous n’en doutons pas, est la solution.

Nous refusons que les forces réactionnaires volent aux citoyens de de pays leur pouvoir d’être accueillant·es, viscéralement attaché·es au respect de la dignité des personnes, leur pouvoir de donner corps à la fraternité.

Le droit d’asile est le fruit de notre République; le droit du sol comme l’hospitalité sont depuis des siècles au fondement de notre nation.

La nationalité s’acquiert par la socialisation, elle n’est pas une donnée biologique. C’est une conquête majeure qu’il nous faut protéger. Depuis des siècles, la France se construit avec l’immigration. Aujourd’hui, plus d’un Français sur quatre a un grand-parent ayant connu un parcours d’immigration. Ne laissons pas ceux qui ne cessent d’en appeler aux racines de notre pays réviser notre histoire et s’attaquer frontalement à ce qui constitue un ciment de notre unité.

La bataille politique et culturelle à mener dépasse donc la bataille parlementaire contre ce texte de loi. La gauche ne peut déserter ce terrain.

Elsa Faucillon

Lire aussi

Une réflexion sur « Loi immigration : les député·es de gauche font cause commune »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *