Milei, le monstre libertarien

Le candidat climatosceptique et populiste, économiste ultralibéral et homme politique d’extrême droite Javier Milei a été élu ce dimanche président de la République par plus de 55 % des argentin·es qui se sont rendu·es aux urnes. Avec ce vote, l’Argentine fait un bond en arrière de 40 ans.

En effet, l’homme qui a fait d’une tronçonneuse arborée dans ses meetings, l’emblème de sa détermination à détruire l’essentiel des services publics argentins, n’est pas seulement un bateleur maléfique, une sorte de chef de bande tout droit sorti d’Orange mecanique, mais bien l’instrument dont la bourgeoisie argentine s’est dotée pour en revenir aux recettes que les Chicago Boys ont déployé sous la dictature du général Videla et à travers le Chili du général Pinochet.

Porteur d’une vision du monde où tout est marchandise, il avait notamment promu dans sa campagne le projet de privatisation des fleuves, arguant dans un contexte de sécheresse sans précédent en Argentine que « si l’eau se fait rare, elle arrête de ne rien valoir et alors un commerce commence, et (…) la pollution [des entreprises] se termine ». Une fuite en avant ultralibérale qui le conduirait par ailleurs à supprimer la monnaie nationale au profit du dollar US, s’arrimant dans ce domaine comme dans bien d’autres, aux Nord-Américains et à une Maison-Blanche que Milei rêve de voir à nouveau occupée par Donald Trump. Comme ce dernier, comme Elon Musk ou Jaïr Bolsonaro, ses modèles le conduisent à un « libertarisme masculiniste » monstrueux, favorable à la légalisation de la vente d’organes et farouche adversaire du droit des femmes.

Ce résultat est bien sûr avant tout très préoccupant pour le peuple argentin, déjà largement éprouvé par une situation économique et une inflation qui doit beaucoup aux recettes libérales qui lui ont été prodiguées, en particulier par la droite entre 2015 et 2019. La violence extrême du programme de Milei dont on voit mal comment il pourrait être déployé sans conséquences dramatiques pour la population, risque de plonger un peu plus l’Argentine dans le chaos, et d’encourager des solutions d’une radicalité nihiliste toujours plus grande.

Ce résultat funeste est d’abord le fruit de la capacité de Milei d’imposer et de donner tout au long de la campagne, la plus grande résonance aux thèmes de l’extrême droite, en saturant les réseaux sociaux et en transformant cette élection en un carnaval sinistre, substituant au débat une surenchère d’outrances, celle-là même dont nous voyons les prémices en ce moment même en France.

La victoire du « libéralisme autoritaire » de Milei est aussi la défaite du « libéral progressisme » au pouvoir depuis 2019 qui, incapable d’affronter avec fermeté et courage les grands intérêts économiques en notamment l’agropower argentin, s’est résolu à se tourner vers le FMI pour administrer au pays ses habituels remèdes austéritaires.

C’est enfin un terrible échec pour la gauche. Ce dimanche, l’Argentine a en effet payé au prix fort son incapacité à avoir su former en amont, une large coalition autour d’un projet et d’une candidature commune de la gauche, portant une véritable alternative populaire, crédible et victorieuse. À méditer.

Une réflexion sur « Milei, le monstre libertarien »

  1. Pourquoi ne pas dénoncer la participation du PS, d’EELV et surtout de la direction du PCF avec F Roussel à sa tête, à la manifestation du 12/11 aux côtés de toute la macronie, de la droite et de son extrême? Pourtant nombre de communistes l’ont considérée comme une faute politique qui se rajoute à d’autres. Pour moi, il faut se rendre à l’évidence, PS, EELV et direction actuelle du PCF préparent chacun leur liste pour les européennes et ne veulent plus du tout d’unité avec la FI, qui seule, appelle toujours à une liste de toute la NUPES. Si AC veut être crédible pour de nombreux camarades dégoutés du virage de leur parti, ce sont des points qu’il ne faut pas négliger.

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