Contribution de Leïla Cukierman. Fédération du Val de Marne. Section d’Ivry.
Comment dépasser les difficultés idéologiques auxquelles nous nous heurtons ?
La question nous est posée pour cette conférence nationale.
A propos du racisme :
L’idéologie raciste est officiellement disqualifiée depuis 1945, moment où les peuples découvrent l’horreur à l’état brut de la « solution finale » du génocide des juifs et des crimes nazis. Les biologistes démontrent l’inanité scientifique du concept de races humaines et le mot est bannide notre vocabulaire. Les actes et propos racistes, quand ils sont prouvés, tombent théoriquement sous le coup de la loi.
Mais qui peut prétendre aujourd’hui que, malgré des politiques juridiques et éducatives, malgré letravail des associations, syndicats et partis, notre société a extirpé le racisme ?
D’une part l’antisémitisme de l’extrême droite déclaré ouvertement jusqu’il y a peu de temps, y persiste toujours nous le savons malgré les tentatives de « dédiabolisation ». Il reste présent dans l’ensemble de la société.
D’autre part, sous l’appellation « immigré.e.s » (immigration post-coloniale), sont regroupés tous ceux qui, français ou non, sont considérés comme ne faisant pas vraiment partie de la « nation française », du fait de leur origine supposée.
Les images, les idées essentialisantes qui portent atteinte à l’intégrité et à la dignité humaine imprègnent les propos politico-médiatiques, des milieux professionnels et parfois aussi militants. Les discriminations ne se basent plus sur les seules apparences mais le plus souvent sur des modes de vie, des cultures, religions supposées, l’Islam étant amalgamé à l’Islamisme politique et au terrorisme.
Ainsi on peut évoquer un racisme « sans races » qui s’exprime ouvertement.
Au 19è Siècle, au prétexte d’une identité généreuse de la France, au nom de la « patrie des droits de l’homme », les pouvoirs politiques entendaient porter la civilisation aux peuples inférieurs. L’idéologie d’une « identité nationale » biologique, culturelle et religieuse a justifié le pire, commis par l’impérialisme que les communistes combattent.
En effet, il nous appartient de défendre une universalité qui reconnaît les singularités des cultures, des histoires, des modes de vie, des cultes, dans le monde et en France en respectant le choix de chaque peuple, de chaque composante du peuple de ses propres transformations, évolutions, de ses propres constructions politiques (Nelson Mandela : « ce qui se fait pour nous sans nous, se fait contre nous »).
Dans sa version agressive, le capitalisme occidental, pour peser sur les choix des peuples et imposer des règles qui détruisent les économies locales, recourt au concept de civilisation supérieure. Sous couvert de générosité paternaliste ou fraternaliste, la version douce conduit à une domination symbolique et au droit d’ingérence humanitaire.
Alors que ce sont les profits phénoménaux de la traite négrière, de l’esclavage qui ont induit la suraccumulation primitive du capital, qui ont fondé le capitalisme occidental et lui ont donné sa forme contemporaine puis toutes les colonisations qui l’ont abondé et que pour ce faire le racisme les a justifiés historiquement, cette idéologie s’est inscrite durablement dans notre société comme rapport social de domination économique et symbolique.
Alors qu’il a affamé des peuples, détruit leur environnement, leur culture, qu’il les a soumis à une domination impérialiste et continue de le faire, le capitalisme acte la coercition, les discriminations à leur encontre dans l’hexagone, en Europe et dans le monde quand ils sont contraints de s’exiler pour survivre.
On peut réfuter le terme de racisme d’état au sens d’un racisme officiel institué légalement, néanmoins il y a bien des politiques gouvernementales qui méritent un combat acharné et devraient imposer aux communistes de soutenir et d’accompagner les luttes de ceux qui les vivent au quotidien.
Il est nécessaire de réagir face à des comportements individuels racistes qui ne relèvent pas toujours d’une intentionnalité lucide, qui sont parfois inconscients, de la même manière que certains comportement machistes et sexistes peuvent être inconscients et sont reconnus maintenant comme structurels et systémiques.
Cela suffit-il ?
Lutter politiquement avec les mouvements antiracistes contre le racisme structurel, comme construction sociale de rapports de domination est de notre responsabilité. De la même manière que nous nous engageons dans le combat féministe contre le sexisme comme rapport social structurel de domination.
L’engagement contre toutes les discriminations, pour l’égalité des droits et de traitement affadit-il lecombat anti-capitaliste ?
La prise en compte de chaque catégorie de discrimination est-elle un obstacle à une résistance collective contre le capitalisme ?
Pour que cette résistance grandissent, il faut aussi cesser d’opposer les classes populaires des « métropoles » et celle de la « ruralité ».
Le militantisme des communistes peut participer à faire lien, entre toutes les spécificités de la lutte de classe. Loin d’être une dispersion inutile, on peut estimer qu’il s’agit là d’une construction progressive d’une conscience de classe.
La notion de racisme systémique, c’est à dire produit par un système économique et politique et qui tend à reproduire ce système, permet de mener une lutte ÉMINEMMENT ANTI-CAPITALISTE.
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