La mobilisation paysanne appelle des actes à gauche

Le pouvoir s’enfonce dans une crise toujours plus lourde. Les différentes franges du peuple, l’une après l’autre, se séparent de lui et montent à l’assaut de Paris : après l’essor des luttes féministes en 2018/2019, de la mobilisation des travailleurs périphériques sous l’étendard du gilet jaune en 2019, de la grève des salariés à statut lors des réformes des retraites de 2019 et 2022 ou du soulèvement des banlieues, c’est maintenant le monde paysan qui se dresse face au gouvernement.

Bien sûr, la lutte est contradictoire. Les organisations patronales et petites-patronales y sont très influentes, la colère sociale menace à chaque instant de sombrer dans la phrase poujadiste, et le morcellement de la paysannerie permet au gouvernement de négocier séparément avec les uns et avec les autres pour tous les rouler dans la farine. En l’absence d’une perspective politique convaincante, cette lutte comme les précédentes, ne peut l’emporter.  Elle finira dans la déception, dans le ressentiment, et éventuellement dans les bras du Rassemblement National – car les mouvements sociaux vaincus finissent toujours dans les bras d’agitateurs réactionnaires.

Il n’y a donc qu’une manière de déjouer ce scénario du pire : l’action politique coordonnée, c’est-à-dire l’union et la solidarité parmi toutes celles et ceux qui souffrent de la politique gouvernementale. Les élections européennes à venir sont une occasion de faire avancer l’union, de nouer des solidarités et des fraternités plus fortes, de consolider le front social qui fait face à Emmanuel Macron. À l’inverse, s’éparpiller par intérêt de clocher, passer plusieurs mois à viser les 5 % pour espérer grappiller une poignée d’élus répond à une logique dangereuse qui peut déboucher sur le pire. Le peuple français n’a que faire de dirigeants qui font passer leurs jeux de posture avant les nécessités de la lutte des classes.

La France est aujourd’hui le creuset d’une contestation paysanne qui enflamme l’Europe. Prenons l’initiative d’une grande rencontre des forces de la NUPES pour présenter ensemble, aux élections européennes, un vaste projet de sécurité sociale alimentaire, garantissant tout à la fois le revenu des producteurs et l’assiette des consommateurs. Il faut davantage que des mots pour faire reculer le RN, bâtir « la France des jours heureux » ou « reprendre la main ». Il faut des actes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *