Les ministres passent, le logement social trépasse

Une bombe sociale, une catastrophe, voilà les termes de plus en plus utilisés pour caractériser la crise du logement. Et ce n’est pas exagérer ! Si l’on prend la situation en Métropole du Grand Paris, 800 000 ménages attendent un logement social, avec une durée moyenne de 11 ans pour avoir une attribution. Dans le pays, le cout du logement augmente pour les ménages que ce soit en loyer pour les locataires ou en crédit pour les propriétaires, atteignant le plus souvent plus les 50% des revenus du ménage. Toute la filière du bâtiment est sinistrée au point de diminuer d’un point le PIB de la France. Bref, rien ne va plus, mais ce n’est pas un jeu.

La situation est très grave et pourtant personne ne bouge vraiment. Des centaines de milliers de familles et d’enfants souffrent du mal logement. Des femmes victimes de violence ne peuvent partir du domicile conjugal, des jeunes et des enfants ne peuvent pas étudier correctement, des jeunes couples n’ont pas leur logement. Cela est pris comme un problème individuel et non collectif.

Cette crise n’est pourtant pas le fruit du hasard ou d’une conjoncture. C’est le résultat de politiques menées pour « marchandiser » toujours plus le logement, de la drastique baisse de l’aide à la pierre au holdup dans les caisses des bailleurs sociaux avec la RLS, de la hausse du cout des crédits aux campagnes idéologiques de la droite pour tirer un trait d’égalité entre logement social et cas sociaux auquel s’ajoute le mythe de la mixité sociale qui s’obtient par la propriété privée comme solution aux conséquences des inégalités sociales,….

De quelle mixité sociale parle-t-on quand près de 80% de la population française est éligible au logement social ? La paupérisation du parc des Habitation à Loyer Modéré est la conséquence du manque de logement sociaux et de l’accroissement des inégalités sociales, pas de l’existence de ces loyers modérés.

Il y a besoin de rassembler et d’agir pour :

  • Permettre aux acteurs du logement social de continuer à construire, en cessant de leur appliquer une TVA à 5,5%
  • Aider financièrement les Maires qui construisent du logement social et obliger 30% minimum de logements sociaux dans le flux des constructions nouvelles.
  • Contraindre les Maires rétifs à appliquer la loi SRU en permettant à l’Etat de construire à leur place
  • Augmenter l’aide à la pierre qui permet aux sociétés HLM de réduire leurs emprunts et permettre ainsi des prix de loyers plus modérés.
  • Investir 30 milliards par an dans la rénovation thermique de l’habitat collectif comme promis lors du grenelle de l’environnement alors qu’il n’y aura cette année que 7 milliards dans le budget de l’État!
  • Démocratiser la gestion des bailleurs sociaux en donnant plus de moyens d’intervention aux locataires
    Pour assurer le droit au logement pour toutes et tous, il est nécessaire de sortir celui-ci de la loi du marché et d’en faire un bien commun. Certainement qu’il faudrait reprendre les réflexions du regretté Bernard Birsinger qui en 2003 invitait à travailler à la mise en place d’une sécurité sociale du logement pour aller vers la gratuité du logement social, en passant par la création d’un grand service public du logement.

Il concluait une de ses contributions par ces mots toujours d’actualité : « il s’agirait d’engager un grand débat national pour s’enrichir des apports nombreux et divers des usagers, des associations, des collectivités pour la construction d’un service public de type nouveau articulant au mieux la liberté de chacun et la solidarité de tous.

Utopie ? Pas plus que l’école laïque, publique, gratuite et obligatoire, pas plus que la Sécurité sociale, pas plus que les congés payés… »

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