A propos d’une analyse de Roger Martelli parue dans Regard.fr – Roger Hillel, le 24 juillet
Roger Martelli a produit un texte fort intéressant sous le titre : « La gauche ne peut pas continuer ainsi ». Il appelle de ces vœux « la refondation démocratique » de la gauche, s’incarnant dans une « force pluraliste » . Pour justifier son appel, il procède à une analyse fouillée de la situation présente, donnée comme un moment de l’histoire en temps long de la gauche.
Il introduit son texte par un diagnostic liminaire, selon lequel : « Loin d’être éclairci, le paysage politique s’est embrumé ». Je ne partage pas son avis. Je vais m’en expliquer, non sans avoir au préalable affirmé que la possibilité d’une conquête « démocratique » du pouvoir par l’extrême droite n’a pas été écartée, pas plus que la menace d’une extension de son hégémonie culturelle. Tous les facteurs, dont Martelli fait l’énumération, et qui expliquent la poussée de l’extrême droite se sont renforcés.
Il s’est tout de même produit trois événements inattendus :
- 1 – L’abstention au second tour des législatives a reculé significativement.
- 2 – comme le note Martelli : « la « dédiabolisation » du Rassemblement national est réelle, mais sa force de répulsion n’a pas complètement disparu. »
- 3 – allant dans le même sens, il estime que : « Au bout du compte, une grande partie des électorats de droite ont considéré qu’il n’y avait pas équivalence des risques et ils ont repoussé la vieille tentation du « plutôt Hitler que le Front populaire ».
Si d’autres études devaient le confirmer, cela aurait une grande portée. En particulier, en ce qu’une partie (?) des électorats de droite reste attachée à une morale politique fondée sur son opposition aux valeurs de gauche, mais s’exprimant dans un cadre républicain. Les gauches ont l’obligation de le reconnaître pour se prémunir de tout amalgame entre cette partie (?) des électorats de droite avec l’électorat de plus en plus fascisant de l’extrême droite.
Sauf, que pour être crédibles, les gauches doivent se garder de tout ce qui alimente les diversions et les campagnes de dénigrement. Ce que Martelli nomme : « les effets de manche, les chamailleries et les conciliabules opaques. » On en est loin. On peut même se demander si les gauches seront capables de surmonter ces tropismes qui font les délices des médias dominants.
C’est pourtant la condition pour que le NFP, dans l’immédiat tienne le coup, et ensuite se renforce. Son renforcement passe par la construction d’une « force pluraliste » que Martelli définit ainsi : « une gauche radicale, enracinée dans une histoire populaire et subversive, innovante et rassembleuse. « Cette force politique n’existe pas », ajoutant toutefois, « ou n’existe que par morceaux ».
La solution ne serait-elle pas de rassembler ces morceaux, n’ont pas de les fusionner pour n’en faire qu’un, mais de les faire tenir ensemble, solidement dans leur pluralité. La pluralité, c’est nécessairement l’existence d’une masse critique d’accords, mais, dans le même temps, sans masquer les désaccords.
C’est ce que j’ai appelé dans un texte daté du 11 mai « le rassemblement de la gauche, en tant que concept fondateur ». J’insiste sur « de gauche » et non « à gauche », cette sorte de rassemblement pour lequel il suffit qu’une partie des forces de gauche s’allient momentanément, mais de la gauche en son entier, en commençant par les forces politiques s’en réclamant et en l’étendant, dans la mesure du possible, à toutes les autres forces de gauche, syndicales et associatives.
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