Suite à notre assemblée général du 28 septembre 2024, nous avons retravaillé le texte proposé à la discussion:
Nous vivons une période de luttes brûlantes et essentielles. Les possédants veulent toujours plus de profits et s’attaquent au moindre espace de liberté, du bien commun, des services publics, de la nature pour les marchandiser, appuyés par les gouvernements successifs.
La colère s’exprime, des millions de gens manifestent, pétitionnent, votent.
Les rapports de force électoraux peuvent alterner entre désespoir d’un vote sans issue au profit de l’extrême droite et espoir de transformations durables que devrait porter la gauche.
Rien n’est encore figé ni définitif.
LES COMMUNISTES VEULENT ÊTRE UTILES POUR TOUT CHANGER…
Il est encore temps de remonter la pente.
Mais pour cela, il faut en finir avec les tweets lapidaires et les allégeances médiatiques illusoires qui ne font qu’abreuver l’idéologie dominante. Il faut cesser toute complaisance pour des politiciens et des éditorialistes médiatiques et d’alimenter ainsi le récit de l’adversaire contre les intérêts de celles et ceux que nous prétendons défendre.
Il faut retrouver le chemin des grands mouvements qui motivent l’appartenance communiste, abandonner avec clarté et sans ambiguïté les renoncements incompris par ceux qui ont toujours compté sur le PCF, comme le combat antiraciste ou pour les droits du peuple palestinien.
Il faut renoncer aux appels au calme et à la modération qui se font au prétexte d’une respectabilité ou par électoralisme. Ils ont anéanti notre identification à un projet porteur d’une transformation radicale de la société.
Il faut renoncer aux dénigrements systématiques des autres forces de gauche et écologistes quand elles sont alliées sur des objets identifiés. Il nous faut cesser de privilégier la compétition boutiquière devant le danger extrême de l’extrême droite.
Le déclin du PCF n’est pas récent.
Les reculs sont le produit d’un abandon du travail sur le fond. La réflexion militante collective s’est appauvrie et nous sommes passés à côté des évolutions principales du capitalisme contemporain. Nos liens historiques avec les intellectuels et les artistes se sont rompus tout comme avec “la classe ouvrière”.
Nous peinons à jouer un rôle dans les mouvements contre les dominations et les aspirations qui s’y confrontent. Le “sentiment de déclassement” remplacent le “sentiment d’appartenance de classe” et pousse vers le RN sur fond de xénophobie anti-migrants rendus responsables des méfaits du capitalisme.
Une nouvelle étape de notre affaiblissement menace les derniers espaces de “communisme municipal” alors qu’il avait su inventer et donner à voir un projet de société La crédibilité militante dans un territoire donné peut parfois permettre d’atténuer les difficultés mais cela ne suffira plus.
Après le déni du non au référendum en 2005, avec celui du déni du vote aux dernières législatives, avec la nomination de M. Barnier validé par le RN, une nouvelle étape est franchie dans l’effondrement de la 5è république. C’est désormais sans aucune précaution que la classe politique et médiatique obtient des institutions étatiques les moyens de continuer à servir coûte que coûte les intérêts du capital. Il n’y a dès lors pas de combat plus urgent et mobilisateur que celui de la construction démocratique d’une 6è république pour s’opposer à l’extrême droite.
Cela suppose la constitution d’un front de riposte résolu et la recherche des conditions d’une irruption populaire…
En effet les socio-libéraux veulent rebondir en cherchant à profiter du NFP.
De R. Glucksman à F. Hollande, le mal qu’ils ont fait aux classes populaires, ils veulent le continuer.
Le NFP nous donne l’occasion de ne pas retomber dans des divisions mortifères au sein de la gauche écologique radicale qui a contribué aux luttes contre la loi travail, contre les réformes des retraites, les réformes anti-migrants ou pour la paix en Palestine.
Il est encore possible de remonter la pente à condition de nous atteler à l’immense travail de reconstruction d’une visée communiste révolutionnaire par le travail théorique partagé et les actes clairs d’un militantisme présent sur tous les fronts ouverts de la lutte de classe, par toutes les luttes sociales, y compris celles qui sont taxées artificiellement de sociétales.
L’union des forces de la gauche radicale et écologiste est aujourd’hui la condition de la mise en mouvement du plus grand nombre pour des victoires dans les luttes et aux élections.
Cela suppose de cesser les guerres de voisinage, malgré les désaccords que nous pouvons tous avoir sur le style, les idées, les propos, les initiatives. Ces débats doivent être argumentés avec raison et sérénité. Ils sont logiques et même nécessaires. Mais c’est dans la dynamique de l’union que peuvent se forger les conditions de l’élargissement des luttes.
Là où les forces du NFP fonctionnent bien ensemble, il faut pérenniser leur activité commune en l’ouvrant à toutes les forces citoyennes. Là où les rapports sont plus tendus, il faut multiplier les occasions de fonctionner ensemble, trouver les initiatives communes. Partout il faut viser la constitution d’un front large.
La menace croisée de l’extrême droite et de la purge néo-libérale exige de poursuivre et amplifier le front commun écologique, féministe, antiraciste, social.
Un travail méticuleux attend les communistes pour rompre l’isolement, redevenir des acteurs centraux du rassemblement à gauche et de la liaison entre la gauche des partis politiques et la gauche du mouvement social. Partout, soyons les actrices et les acteurs d’un élargissement, d’un ancrage, d’une démocratisation du NFP dans les territoires.
LE COMMUNISME EST LA JEUNESSE DU MONDE :
…conjuguons créativité, radicalité et crédibilité.
Pour une nouvelle dynamique communiste, sachons lier les capacités collectives à comprendre le capitalisme tel qu’il est aujourd’hui avec les combats qui se mènent pied à pied contre les effets de la globalisation financière de l’économie.
Il nous faut retrouver des outils théoriques collectifs partagés par les militants et les citoyens pour retrouver les chemins du combat idéologique donc des luttes au quotidien, au plus près de tous les travailleurs et des catégories sociales impactées par les évolutions du capitalisme contemporain que ce soit sur l’emploi, les salaires, le sens du travail, le temps libre, les protections sociales, le patriarcat et le féminisme, l’écologie, l’économie de ressources naturelles, le racisme structurel, les services publics de l’éducation, la santé, la culture, la recherche scientifique…toutes ces luttes sont des luttes sociales ; elles sont partie intégrante de la lutte de classe. Cela s’appelle l’intersectionnalité des dominations qui appelle à la transversalité des luttes, travaillée et documentée par les chercheurs en sciences sociales du monde entier et notamment par la communiste Angela Davis, invitée d’honneur à la dernière fête de l’Huma.
Les nouvelles divisions du travail s’opèrent à l’échelle du monde et les peuples du sud global résistent au pillage de leurs richesses humaines et à l’extractivisme forcené de leur environnement. L’internationalisme est un combat d’actualité brûlante qui vient en appui de ces résistances contre l’impérialisme. Mais, disait Mandela, « Ceux qui luttent pour nous, sans nous, luttent contre nous ».
En France, outre la perte des emplois industriels et la misère engendrée, c’est aussi la perte du sens du travail qui conduit à la prolétarisation de la fonction publique et de pans entiers d’activités jusqu’aux métiers intellectuels et même artistiques. Les PME, sous-traitantes, les petits commerces sont visées aussi par la prédation capitaliste.
Soyons force de propositions et jouons pleinement notre rôle dans les mouvements sociaux dans toutes leurs diversités, à l’œuvre dans la société en France sous toutes les formes qui se présentent contre toutes les forces de dominations hexagonales et mondiales, contre les impérialismes.
Sachons conjuguer crédibilité et radicalité, sachons relever le défi d’une décolonisation des imaginaires soumis par une marchandisation culturelle et médiatique insidieuse.
LE MESSAGE QUE NOUS AVONS À FAIRE PASSER EST CLAIR
Il tient en deux idées forces :
1/ La classe dominante du capitalisme nous mène à la catastrophe. Les travailleurs, les opprimés, les chômeurs, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes ont intérêt au communisme et pour vaincre ils doivent s’organiser et prendre le pouvoir ; un nouveau régime (égalitaire, démocratique, respectueux des humains et de la planète) est à l’ordre du jour.
2/ les classe populaires connaissent parfois, elles aussi, des tentations inégalitaires, racistes et sexistes. Lorsqu’elles y cèdent, elles renoncent à changer le monde et se comportent en simples supplétifs des dominants. Rien n’est plus dommageable. Nous devons combattre ces conceptions qui condamnent à la servitude.
Comment faire entendre ce message ?
Nous disposons de précieux atouts : des camarades actives et actifs dans les luttes de terrain, respecté.es par la population, habitué.es à travailler avec d’autres forces.
Les uns.e.s animent des sections syndicales qui vont au bras de fer, notamment lors des NAO ; les autres participent au sabotage des bassines ; d’autres encore, parmi les Gilets Jaunes sur les ronds-points ou en banlieue dans les révoltes de jeunes agressés par les violences policières dans les banlieues.
Même affaibli, notre réseau militant reste une force, surtout si on y associe toutes celles et tous ceux qui ont quitté le PCF et continuent de faire le choix d’un engagement communiste. Les liens avec tous ces camarades peuvent se renouer.
Voyons aussi toutes celles et tous ceux, souvent plus jeunes, qui sans se référer explicitement au communisme, sont d’ores et déjà en mouvement pour combattre le système capitaliste, ses logiques, ses institutions, son idéologie.
Chacun sur son terrain, tous ces militant.e.s savent identifier quelle revendication pousser, dans quels lieux aller, quel problème à résoudre.
Réunissons-nous, échangeons, travaillons et partageons les fruits de nos discussions :
- -comment décrire la trajectoire du capitalisme contemporain et montrer la nécessité de son renversement ?
- de quel communisme et de quelle force communiste avons-nous besoin aujourd’hui ?
- -comment se réorganiser en profondeur, quels fonctionnements véritablement démocratiques tournés vers l’action, la prise d’initiative ?
- -comment redéployer et être moteurs, porteurs dans tous les sujets les plus brûlants, à commencer par celui des institutions de la 5è république.
Un travail important d’invention d’une nouvelle conception du communisme nous attend.
ASSUMONS DES MESURES GLOBALES D’ÉMANCIPATION :
Convocation d’une assemblée constituante, salaire à vie, appropriation collective des principaux moyens de production et d’échange, des GAFAM, planification écologique, intervention des travailleurs sur les choix industriels préservant la nature et les humains, refondation démocratique des services publics, refondation démocratique de la gestion des organismes de recouvrements des cotisations sociales, sécurité sociale de l’alimentation…entre autres…. Il n’est pas si difficile de se comporter en communiste, de rassembler autour d’une démarche véritable d’appropriation sociale.
- Cela suppose d’affronter la nouvelle hégémonie culturelle raciste de l’extrême-droite à laquelle le capitalisme se réserve la possibilité de recourir pour continuer et aggraver une politique régressive, anti-démocratique, violemment autoritaire.
- Cela suppose de rompre avec des politiques coloniales, néo-coloniales toujours présentes et de redéfinir les rapports Nord-Sud en termes d’égalité des peuples dans le respect de leurs propres combats sans imposer aucun surplomb pseudo-universaliste et dans le cadre d’une solidarité internationale.
- Cela suppose de combattre frontalement les idées, servies par le Printemps Républicain au profit de l’extrême droite, qui assimilent migrants, personnes racisées, de cultures et de cultes différents à la délinquance, au terrorisme, au fascisme islamiste et les accusent d’être anti-républicains et séparatistes.
- Cela suppose de combattre clairement les violences policières quel que soit le lieu où elles sévissent et d’imposer l’arrêt des contrôles au faciès.
- Cela suppose de trouver une nouvelle dynamique de la laïcité de 1905 qui consiste en la liberté de conscience et de culte, et la séparation des églises et de l’état. La laïcité est aujourd’hui détournée de ses objectifs d’égalité.
- Cela suppose donc de manifester notre solidarité avec les luttes dont, à tort, nous nous sommes éloignés : défense des droits du peuple palestinien, anti- racisme systémique, luttes écologistes radicales, exigence d’égalité et de dignité dans les quartiers populaires des villes et de la ruralité, expériences autogestionnaires d’entreprises coopératives…
- Cela suppose de re-poser, à l’instar de Jaurès, la relation indissociable de l’émancipation sociale et de l’émancipation culturelle et reconnaître la part de la création artistique dans les inventions des possibles de transformation de soi et du monde.
- Cela suppose d’adopter un point de vue moins institutionnel sur les choses. La lutte politique requiert des batailles furieuses et des rues noires de monde. Elle dépasse toujours le cadre étroit de hiérarchies ministérielles, des agendas parlementaires et des exercices budgétaires.
- Enfin cela suppose de reconstituer un intellectuel collectif communiste qui allie travail théorique et militantisme concret, radicalité et responsabilité, qui travaille tous les termes de la confrontation idéologique et politique.
Donc cela suppose d’engager un processus de renouvellement sur le plan théorique et en acte, une utilité communiste avec une nouvelle conception du communisme.
Un communisme qui fait face aux urgences sociales et écologiques, qui réclame une nouvelle construction collective démocratique, une nouvelle conception d’un parti révolutionnaire qui ne s’attache plus à la conservation d’un appareil d’état qu’il suffirait de convertir à une forme substituable au marché. Il faut ouvrir une nouvelle ère à partir d’un communisme « déjà-là » dans les conquis des luttes, potentiellement transformateur pour un nouvel ordre des choses qui étend la démocratie à l’économie, qui fait des collectifs humains des lieux de délibérations sur la gestion des communs, qui fait de la recherche du bonheur le moyen de l’égalité et de la justice.
Ainsi armés, militants, nous pourrons convaincre à nouveau, rassembler et enthousiasmer.
C’est à ces conditions que le communisme peut redevenir la jeunesse du monde et s’adresser à la jeunesse du monde.
PLAN DE TRAVAIL.
Pour tout le réseau Alternative Communiste, communistes encartés ou non, afin de porter le débat sur le projet de société, le nécessaire travail pour fonder une nouvelle conception du communisme.
- Carrefour des alternatives ; recenser et créer des liens avec des acteurs et actrices de transformations de terrain pour faire connaître, se rencontrer, discuter, s’enrichir des expériences concrètes contre la marchandisation, le libéralisme, pour le respect des êtres humains et de la nature.
- Donner à voir un projet pour la société, plaçant la démocratie comme processus continu permettant l’intervention et la décision des travailleurs à l’entreprise, dans les services publics avec les usagers, dans le pays. Vers une société autogérée ? Une société des égaux libres ?
- Une société des communs ? Une société communiste ?
- Reprendre fermement pied dans les luttes contre les racismes systémiques (envers les musulmans, les arabes, les noirs, les asiatiques descendants des colonisés, l’antisémitisme), la xénophobie envers les migrants, la régression sociale portée par le RN et qui structurent les pouvoirs politico-médiatiques, divisent les peuples, sous couvert d’une révision réactionnaire de la laïcité et du combat contre la fascisme islamiste. Ces luttes sont particulièrement fortes dans la jeunesse.
- Et donc travailler le point faible qu’est le rapport à la jeunesse avec un plan d’initiatives organisées des élu.e.s, des intellectuel-les dans les facs, les quartiers, dans des cantons ruraux.
- Reprendre pied dans les combats pour le service public de la culture en faveur de la création artistique et de l’éducation populaire.
- Contribuer à l’ancrage et l’élargissement des comités locaux du NFP.
- Agir pour que la décision d’une candidature unitaire à la présidentielle soit le fruit d’un processus démocratique de désignation avec les comités locaux du NFP.
Ce texte présente des avancées incontestables par rapport aux précédents. Il me paraît une excellente base pour approfondir encore notre démarche. En l’état, il rend compte des discussions que nous avons eu , discussions au cours desquelles des différences (divergences?) sont apparues.
Suite à une première lecture, je fais quelques observations :
1- je m’arrête sur le paragraphe qui commence par : « il faut en finir avec les tweets lapidaires et les allégeances médiatiques illusoires… ». Tout indique que cela vise Fabien Roussel et sa garde rapprochée. Si tel est bien le cas, il faut le dire clairement. Si d’autres personnalités appartenant d’autres partis du NFP sont visées, ,il faut les nommer.
2- « Après le déni du non au référendum en 2005, avec celui du déni du vote aux dernières législatives » Mais, ce sont des dénis de nature très différente. Si l’on tient à évoquer celui de 2005, il faut faire une phrase particulière.
3- La formule : LE COMMUNISME EST LA JEUNESSE DU MONDE :, est un peu ringarde
4- Il vaut mieux parler de salaire à la personne que de « salaire à vie »
5- il vaut mieux parler de conquérir le pouvoir que de « prendre le pouvoir »
6- Beaucoup plus essentiel : Il y a des formulations variées pour définir le« front de riposte » Il semble qu’il soit indifféremment nommé : « union des forces de la gauche radicale et écologiste », « forces du NFP », « forces de gauche et écologistes », Si nous nous revendiquons sans réserves du NFP, nous sommes pour le rassemblement des forces progressistes, dont les unes sont réformistes, tout particulièrement le PS, et d’autres qui relèvent de la gauche radicale et écologique, lesquelles sont (en théorie) :, le PCF, LFI et, pour une part, les Ecologistes. Ce rassemblement est traversé de contradictions, voire de divergence. Est-ce que nous l’assumons ?De plus, Ce rassemblement devrait inclure d’autres organisations, en particulier syndicales et associatives. Est-ce ainsi que nous voyons les choses ? Si c’est le cas (ça l’est pour moi), il faut revendiquer l’élargissement du NFP à toutes les organisations intéressées.
Vous avez produit là un texte clair, à la démarche moderne et révolutionnaire. Merci pour ce travail. FA