Entre main mise monopolistique sur l’économie de l’île et racisme persistant, les inégalités se creusent et les forces vives restées au pays comme celles qui se sont exilées en France pour survivre n’en finissent pas de se mobiliser régulièrement.
Profitant des « 40 % de vie chère » attribués au début aux seuls fonctionnaires de l’hexagone nommés sur l’île puis conquis de haute lutte par les fonctionnaires martiniquais, les grands groupes qui possèdent les terres cultivables, l’import-export et la grande distribution appliquent des tarifs prohibitifs pour des marges juteuses, et ce à chaque niveau des entreprises intermédiaires qui leur appartiennent aussi.
Dans ce paysage, production vivrière locale quasi impossible, monoculture de la banane, production et exportation du Rhum, le Groupe Bernard Hayot se taille la part du lion. Il étend désormais son empire à Mayotte, la Guadeloupe, la Réunion, la Kanaky…
Les grands Békés de Martinique ont leurs entrées directes à l’Élysée et dans les ministères. Grâce aux lobbys qu’ils ont fondés, qui s’exercent au niveau du gouvernement français (FEDOM) ou au niveau européen (Eurodom), ils obtiennent des aides qui leur assurent des marges faramineuses quand déjà historiquement leurs richesses proviennent de l’esclavage et qu’ils ont bénéficié de dédommagements à l’abolition en lieu et place des victimes. Ils figurent au tableau des grandes fortunes de France et d’Europe. Ils influent sur les réglementations, les législations, les dérogations.
Et c’est bien grâce à ces relations directes avec tous les pouvoirs successifs qu’ils ont pu continuer à utiliser le chlordécone, pourtant interdit, qui a empoisonné les sols, les eaux, les mers, provoquant ainsi une crise sanitaire grave (cancers de la prostate, du sein, maladie de Parkinson, malformations congénitales).
Il faut regarder le documentaire produit par Canal+ en 2009 intitulé « Les derniers maîtres de la Martinique » pour commencer à comprendre une situation spécifique explosive qui se cumule avec l’accélération de la désertion des services publics, l’accélération de l’installation des « métros » (les Français qui veulent y vivre mieux et au soleil), l’accélération d’un tourisme ravageur et d’une bétonnisation sans frein, la montée de la précarité, de la petite délinquance et du narcotrafic meurtrier.
Ainsi se pérennise l’état colonial avec son lot de racisme, de violence, d’exploitation et de domination sous l’oeil bienveillant des gouvernements français complices.
La lutte des Martiniquais rejoint celle des Kanaks contre le colonialisme français, fondateur de l’accumulation primitive du capital. Il est temps d’en faire un inventaire historique, de mettre fin à la silenciation des luttes et à l’occultation des systèmes de dominations économique et culturelle, justifiées par une supposée supériorité des démocraties capitalistes .
Alternative Communiste est solidaire de ces luttes et entend agir avec les peuples dominés contre ce capitalisme impérialiste pour leur libération et leur émancipation ainsi qu’avec tous ceux qui, obligés de venir en France, vivent au quotidien le racisme systémique sans complexe exprimé dans les victoires idéologiques du RN.
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