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Pour une sécurité sociale de l’alimentation !

Alors que le mouvement européen des agriculteurs continue de s’approfondir, il a désormais l’Espagne pour centre de gravité, et non plus la France. Pour cause, le syndicat majoritaire (et hégémonique) dans l’agriculture française, la FNSEA, s’estimant satisfait des négociations avec les pouvoirs publics, vient de congédier les paysans en colère. Le début du mouvement de blocage, le 16 janvier, avait pourtant débordé cette puissante organisation cogestionnaire du système agricole en France, mais elle a finalement su reprendre la main. Naturellement, aucun des problèmes fondamentaux qui pèsent sur les paysans ne sont résolus, à savoir : la pression des industriels et de la grande distribution sur les prix, la concurrence internationale sur le marché de l’alimentation, et l’activité normative de l’UE et de la France qui est exclusivement négociée avec les plus grandes exploitations.

Ces trois préoccupations peuvent être résumées en un seul mot d’ordre : le revenu paysan, c’est-à-dire la garantie de pouvoir se payer à la fin du mois quelles que soient les fluctuations du marché et/ou de la législation. Pour des communistes, ce mot d’ordre se traduit par une proposition très concrète, à savoir la création d’une nouvelle branche de la sécurité sociale consacrée à l’alimentation et protégeant tout à la fois le revenu du producteur et l’assiette du consommateur.

Une telle exigence fait naturellement horreur aux grands patrons qui contrôlent la FNSEA (ainsi que les chambres d’agricultures, les syndicats des AOP/AOC, etc.), à l’image de son président, Arnaud Rousseau. Leur croissance dépend précisément de la ruine des petits paysans : l’antagonisme auquel ces derniers sont confrontés est un enjeu de vie et de mort. Cependant, ils ne le voient pas encore aussi nettement que nécessaire et, à date, sont par exemple rétifs aux valeurs collectivistes portées par la sécurité sociale alimentaire. Diverses raisons l’expliquent ; l’une d’entre elles est la cohorte de politiciens cyniques qui accréditent l’idée d’une opposition illusoire entre campagne (ou périurbain) et ville (ou banlieue), en lieu et place de l’opposition bien réelle entre capitalistes et travailleurs.

Pour briser cette idée et nouer de véritables solidarités entre les mouvements sociaux enracinés dans les métropoles et le mouvement paysan, les catégories les plus combattives de la vie rurale (salariés, néo-ruraux, paysans porteurs d’un autre modèle agricole) sont un point d’appui décisif, le levier d’Archimède qui, demain, permettra peut-être de soulever le monde rural. Ces mêmes catégories, en 2022, ont inoculé massivement dans les campagnes le virus du vote pour la NUPES : ceux qui prétendent que la ruralité est exclusivement acquise au RN le font donc, soit par intérêt, soit par bêtise. Notre pays est un océan bouillonnant de colère. Il est urgent de lui proposer des perspectives politiques sérieuses.

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