Le meurtre d’une jeune femme de 19 ans est une véritable tragédie. La mort de Philippine a suscité une émotion profonde dans le pays et des interrogations légitimes, notamment de la part des femmes dont une sur deux a déjà été la victime de violences sexuelles. Les communistes d’Alternative communiste partagent cette douleur et ces interrogations.
En France, chaque jour 250 femmes sont victimes d’un viol. Plus d’une centaine par an meurent sous les coups de bourreaux qui sont bien souvent leurs conjoints. Comme le procès Mazan en témoigne, la grande diversité des profils sociaux des coupables de ces violences sexuelles souligne que ces actes résultent en réalité d’une culture du viol profondément ancrée dans notre société patriarcale.
Cet assassinat sera-t-il le moyen d’examiner enfin comment extirper de notre société ces crimes révoltants ? Va-t-il être le déclencheur d’une prise de conscience pour faciliter les procédures judiciaires, notamment pour traquer les violeurs en série, créer une brigade spécialisée, ou encore permettre la mise sous protection des victimes et leur traitement post-traumatique ? Sera-t-il, dans le débat budgétaire qui s’ouvre, l’occasion de réunir enfin les moyens financiers pour rendre possibles ces politiques publiques et soutenir les associations qui y contribuent ? Pour l’instant, non…
La meute de la droite et de l’extrême droite a préféré lancer ces chiens après l’étranger et le sans-papiers. Une femme est violée et assassinée, mais c’est le sujet l’OQTF qui s’embrase, comme si pour épargner Philippine, il eut été permis de sacrifier une Espagnole, une Marocaine ou une Anglaise. Nous n’en sommes pas surpris.
C’est par contre avec consternation que nous avons accueilli les déclarations de Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et de son porte-parole, Léon Deffontaines qui ont apporté leur contribution à ce débat sordide. Ce n’est pas la première fois que ces dirigeants communistes font d’inquiétantes concessions à ce fond de l’air nauséabond. Mais un pas supplémentaire est franchi dans cette dérive populiste.
Plus que jamais, face à la montée de l’extrême droite, nous devons rester fermes sur nos principes. En période de crise sociale, il est facile de céder à des discours simplistes qui stigmatisent les populations les plus précaires et accentuent les divisions. Les communistes doivent continuer à s’engager résolument contre toutes formes de violences, sans renoncer aux valeurs de solidarité et d’internationalisme. Céder aux sirènes sécuritaires et nationalistes, c’est faire le jeu de l’extrême droite.
L’égalité, la solidarité, et la lutte contre toutes les formes de dominations, qu’elles soient de classe, de genre ou d’origine, doivent rester notre cap. Nous appelons les communistes à poursuivre leurs engagements pour la justice et l’égalité et Fabien Roussel à revenir à ces principes fondamentaux et à refuser de jouer sur les peurs populistes.
Jeudi 26 septembre 2024
Je dois l’avouer, j’ai trouvé ce communiqué particulièrement inapproprié, il m’a choquée énormément et il n’est pas à la hauteur de ce que l’on pourrait espérer du parti communiste français.
Je m’explique : l’horrible crime de Philippine n’est pas le reflet de la réalité de la majorité des féminicides et des violences faites aux femmes : 91% de ces faits sont perpétrés par des agresseurs que ces femmes connaissent, généralement leur conjoint ou ex (chiffres de 2019).
Donc cet effroyable crime de cette jeune femme n’est pas représentatif des crimes et agressions que les femmes subissent généralement. Le fait de vouloir communiquer spécifiquement sur ce crime c’est prendre le risque de mettre en avant l’émotionnel, l’expression des forces réactionnaires obnubilées par les étrangers et la communication journalistique axée sur le fait divers. Donc mettre en avant ce vrai drame renforce le fantasme que seuls les inconnus, surtout s’ils sont étrangers, sortis de l’ombre sont des tueurs, des violeurs.
Ce communiqué de presse fait l’erreur de parler du procès Pélicot qui n’a rien à voir avec le monstrueux fait divers dont Philippine a été victime dans le bois de Boulogne. Le cas de madame Pélicot fait partie des 91 % des violences faites aux femmes et surtout met en pleine lumière les mécanismes, la culture du patriarcat, archaïquement, profondément ancrée dans la société. Donc à mon avis ce communiqué facilite l’amalgame entre ces deux cas de violences faites aux femmes, brouille l’analyse et donc le contenu des luttes à mener. Car le procès Pélicot met au grand jours les fonctionnements patriarcaux des hommes banaux, normaux, sans doute bons pères de familles qui, soutenus par leurs avocats ne captent même pas la notion de viol : la fameuse citation : il y a viol et viol !
Le seul point que je partage avec ce communiqué : oui, il faut des moyens suffisants notamment pour éduquer tous ces hommes et toutes les femmes qui n’envisagent pas d’autres rapports que ceux de la domination des hommes.
Si on est en droit de soutenir, de vouloir la convergence des luttes, surtout sociétales, ce communiqué a l’immense défaut de tout mélanger. Bien que ce communiqué de presse s’en défende, en creux il instrumentalise de ce crime pour faire une insertion sur les OQTF qui n’a rien à voir avec une politique pertinente contre les violences faites aux femmes. Hélas toujours en creux il pourrait laisser entendre que la non réalisation de l’OQTF est la cause de ce crime.
La lutte contre les violences faites aux femmes est un enjeu sociétal crucial et ne doit pas être instrumentalisée même au service d’une lisibilité du PCF.
Si la sécurité est un sujet politique de taille, il est risqué de vouloir faire passer les communistes pour aussi « durs donc pertinents ! » que les forces réactionnaires en ce qui concerne la sécurité et via les OQTF donc les étrangers . Et voilà le lien est fait et le risque de l’instrumentalisation pas loin.
Pour la communiste, féministe, antiraciste que je suis, ce communiqué est particulièrement mauvais c’est un cumul de notre pauvreté politique et de la communication nationale de type fuite en avant.
Je suis en accord total avec cette déclaration. Nous sommes en présence d’un énième cas de crime sexuel. Et oui Roussel et Deffontaine doivent revenir à la raison. OQTF ou pas, un violeur est un violeur. En outre, le nombre exorbitant d’OQTF rend celles-ci totalement inapplicables. La plupart sont inapplicables et sont donc annulées en cas de recours juridique.
Ce crime est sexuel et pas un crime “d’immigration illégale”. Serait-elle légale que le crime n’en serait pas moins odieux.
Oui,il est temps de nous doter de moyens de luttes efficaces contre de telles horreurs.
A tout confondre tout devient confus.