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LE PS INCARNE-T-IL ENCORE LA GAUCHE RÉFORMISTE ?

Dans un premier temps, je voudrais expliquer pourquoi j’aurais tendance à répondre à cette question par la négative. Dans un deuxième temps, je vais essayer d’en tirer quelques-unes des possibles conséquences stratégiques.

Pour définir la notion de « gauche réformiste » il faut revenir à l’histoire du mouvement ouvrier tel qu’il se façonne en France au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle. Dès son origine il est scindé en deux courants : le courant révolutionnaire qui proclame vouloir en finir avec le capitalisme et le courant réformiste.qui s’en tient à vouloir remédier à ses aspects les plus brutaux. Ces deux courants constitutifs de la gauche de cette époque ont structuré le mouvement socialiste et ont cohabité au sein d’une même force politique, la SFIO, « IO » ,en tant que membre de la IIe Internationale ouvrière. Leur l’histoire est ponctuée de divorces et rabibochages successifs.

La victoire en 1917 des bolcheviques en Russie change complètement la donne. Cette révolution était vouée à se répandre dans le monde, sous la direction centralisée de l’Internationale communiste (IC ou Komintern). Le courant révolutionnaire de chaque pays avait la mission de guider la classe ouvrière dans son combat pour mettre fin au capitalisme. Pour ce faire, il était sommé de se séparer du courant réformiste et de créer une SFIC (parti communiste). Ce fut chose faite au congrès de Tour de la SFIO en 1920. Les deux courants originels de la gauche était désormais séparés. D’abord irréconciliables, ils se rapprochèrent à partir de 1930 en raison de la montée du fascisme, d’autant plus menaçante que le projet messianique de révolution communiste mondiale avait échoué.

De 1936 jusque vers le milieu des années 80, la gauche réformiste a été incarnée par le parti socialiste (SFIO puis FGDS puis PS) et la gauche révolutionnaire a été identifiée au parti communiste. Les deux courants s’étaient réconciliés non pas idéologiquement mais stratégiquement pour s’opposer à la droite. Cette alliance ne fonctionnait que parce que le PCF était électoralement devant le PS et idéologiquement plus influant que lui. Autrement dit, le courant réformiste restait sous la férule du courant révolutionnaire.

A la fin des années 80, le basculement en faveur du courant réformiste aux dépens du courant révolutionnaire s’est confirmé. Le déclin du PCF est devenu structurel et le PS, libéré de toute tutelle, a commencé à sombrer dans le compromis politique avec la droite et a rapidement abandonné sa ligne réformiste pour une ligne social – libérale.

Aujourd’hui,. après quelques hésitations (NUPES puis NFP) qui ont pu donner le change tout indique que la ligne social-libérale l’a emporté et que le tropisme du PS vers un pseudo réformisme de droite s’est imposé.

Mon raisonnement est le suivant : dès lors que le PS n’incarnerait plus la gauche réformiste, et puisque de toute évidence il ne peut être rangé dans la gauche de rupture, il serait logique de considérer qu’il n’appartient plus à la gauche. La conclusion qui s’imposerait serait alors que s’il n’est plus à gauche, il est à droite. Dans un langage plus « savant » il s’inclurait dans le bloc central bourgeois ou serait prêt à le faire. C’est l’avis de LFI la force dominante de la gauche de rupture, alors que les autres forces de la gauche parlementaires, PCF et Les écologistes ont un avis contraire.

Si l’avis de LFI devait se confirmer, cela aurait des conséquences stratégiques considérables. J’énumère celles que je perçois :

1-Serait-il encore pertinent de continuer à plaider pour une union à gauche avec le PS ?

2- Le candidat tout désigné pour prendre le relais de la gauche réformiste ne serait-il pas le parti des écologistes ?

3-Dans cette nouvelle configuration, la gauche ne resterait-elle pas diverse et partagée, mais plus, ni clivée, ni divisée ?

5- Un rassemblement de la gauche radicale et de la gauche réformiste dans un NFP renouvelé sans le PS ne serait-il pas le gage d’une possible relance de la dynamique à gauche ?

6-L’électorat du PS, en tout ou partie, le suivra-t-il ou l’abandonnera -t -il pour rejoindre un pôle de gauche constitué d’une gauche de rupture, LFI y étant dominant, et une gauche réformiste façon écologiste ?

D’autres questions qui m’échappent encore peuvent venir compléter cette énumération.

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