Déclarations

Quand la droite cherche à réprimer l’opposition et désigne un ennemi intérieur

La décision de créer une commission d’enquête parlementaire sur les prétendus liens entre La France insoumise et « l’islamisme » marque un nouveau glissement autoritaire du régime. Derrière des formules hypocritement générales, la cible est désignée : il s’agit de frapper un mouvement politique qui incarne une opposition à l’ordre établi. Il s’agit de continuer à stigmatiser les musulmans.

Macronistes, droite classique et extrême droite se retrouvent pour non seulement discréditer La France Insoumise, mais aussi criminaliser la contestation sociale et politique, disqualifier toute expression de solidarité avec les quartiers populaires, les musulmans, les luttes décoloniales et pour la paix en Palestine. Ce n’est pas la République qu’ils défendent, c’est un système de domination menacé par la colère sociale et l’exigence d’égalité et de justice.

Cette commission s’inscrit dans une séquence bien connue : après le fantasme de l’ « islamo-gauchisme » dans les universités ou celui de « l’éco-terrorisme » des zadistes, aujourd’hui l’accusation d’« entrisme islamiste » dans les partis, et demain sans doute la mise en cause de tout militant un peu trop engagé. On cherche à produire de la peur, à isoler, à faire taire comme les récentes tentatives d’intimidation de Rachida Dati sur des journalistes du service de l’audiovisuel public en ont été le témoignage le plus brutal.

La méthode est éprouvée : disqualifier, désigner un ennemi intérieur, construire un amalgame entre opposition politique et menace sécuritaire, pour mieux justifier la répression, briser les solidarités et restreindre le débat démocratique. Il y a là une réactivation des vieilles mécaniques d’exclusion : comme le Parti communiste fut en son temps qualifié de « parti de l’étranger », de « judéo-bolchevique », comme les Juifs furent accusés de trahir la nation, on accuse aujourd’hui LFI d’être le promoteur d’un « islamisme rampant » et finalement tous les musulmans de France d’en être les potentiels vecteurs. Rien de nouveau, sinon le nom des cibles.

Ce que cette commission révèle, c’est en réalité une peur de classe. Peur d’une gauche qui ne se résigne pas. Peur d’une jeunesse qui politise les discriminations qu’elle vit au quotidien. Peur d’un peuple qui pourrait se remettre en mouvement. Face à cette peur, le pouvoir ne propose ni justice ni progrès, mais le soupçon, la calomnie, l’autoritarisme.

Nous ne pouvons rester silencieux. Parce que ce qui est en jeu ici dépasse LFI : c’est le droit pour une force politique de gauche, populaire et critique, d’exister sans être traitée comme un danger public. C’est d’agir contre l’islamophobie qui sert de base de rassemblement à la droite et l’extrême droite.

Quand l’extrême droite tisse sa toile, la solidarité à gauche doit être de mise avec les insoumis, avec toutes celles et ceux, syndicalistes, écologistes, jeune garde, urgence Palestine, jeunesse des quartiers populaires, qui sont criminalisés, et plus largement avec toutes celles et ceux qu’on veut faire taire parce qu’ils refusent l’injustice.

La démocratie n’est pas l’unanimisme du bloc bourgeois. Elle commence là où la contestation s’exprime. Et c’est précisément cela qu’on cherche à étouffer.

Alternative Communiste – 20 juin 2025

1 réflexion au sujet de « Quand la droite cherche à réprimer l’opposition et désigne un ennemi intérieur »

  1. L’urgence de l’union ne peut s’opposer au contenu du projet. Ce sont l’un et l’autre qui doivent être défendus. Sans projet de changement radical, il ne peut y avoir d’union fiable et solide. Tant qu’il sera nécessaire de légitimer pour un oui ou pour un non les éléments du projet social, économique, politique et écologique, aucune union ne sera possible et tant qu’il n’y aura pas d’union, il n’y aura pas de changement radical.
    La remise en cause de la légitimité de LFI ou d’un autre membre de l’union relève de cette stratégie de déligitimiser l’union pour déligimiser le projet.
    Alors oui, en son sein, le NFP est traversé de ces phénomènes. Taper sur l’un des membre de cette union pour remettre en cause le projet.
    Chacune de ces tentatives tant en interne qu’en externe visé à remettre en cause le rêve même d’un quelconque changement radical.
    C’est sur ces principes que la scission de la SFIO s’est construite. Ne répétons pas l’histoire. Nous en connaissons les issues.
    Ferme sur le projet et sa radicalité et ferme sur l’unité.
    Céder sur l’un ou l’autre c’est céder sur l’ensemble.
    L’urgence et l’ampleur des catastrophes humanitaires en cours et à venir, les coup de boutoir contre la démocratie, les victoires des forces réactionnaires rendent évident la nécessité de réagir. Serrer les rangs et renforcer le projet politique. Pas d’autre alternative.
    Chacune de nos actions doit être menée sur ces deux axes et simultanément.

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