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La feuille de (dé)route du PCF

par Roger HILLEL, 20 décembre 2024

Le PCF a tenu le 14 décembre une conférence nationale à l’issue de laquelle une « feuille de route » a été adoptée par près de 80% des 500 délégués. La stratégie présentée par la direction du PCF est donc validée, en toute connaissance de cause, par la grande majorité des membres du PCF.

Cette conférence avait été actée le 7 septembre par son Conseil national. Il s’agissait de « faire le point sur la situation de notre parti et sur la mise en oeuvre de la stratégie adoptée lors des 38e et 39e congrès. » Le texte adopté n’avait pas été triomphaliste bien que euphémisant les résultats des élections présidentielle et européennes, jugeant, tout au plus, que « la stagnation de nos résultats bien en dessous des 5% lors des échéances nationales montre les limites de notre dynamique politique ». Il était aussi question de réfléchir à la préparation des prochaines législatives et municipales. La présidentielle de 2027 n’avait pas été évoquée.

Par contre, dans la feuille de route adoptée le 14 décembre, la présidentielle a pris une place essentielle. Son traitement n’est pas anodin, puisque le PCF y affirme que  : « Nous avons la légitimité à porter une candidature de rassemblement issue de notre parti. Ce sera aux communistes de prendre souverainement leurs décisions sur la candidature présentée par le PCF. » Pour justifier cette décision il fallait qu’elle soit présentée en toute fin du texte comme étant la conclusion logique de l’ensemble de l’argumentaire présenté en amont. Il se présente en deux parties. La première reprend des analyses fondées sur les violences du capital contre les humains et la nature et les menaces que fait peser la progression de par le monde des forces d’extrême droite.

Mais, ces considérations ne conduiraient pas nécessairement à conclure que le PCF doit avoir un candidat à la présidentielle de 2027. Il en faut de d’autres, explicitées dans la deuxième partie du texte. Elles portent sur le parti lui-même : ses taches, son organisation, son rôle original, ses « quatre atouts : Une force militante irremplaçable ; Des milliers d’élu·es locaux, ; Des idées originales et un projet émancipateur, Une place reconnue à gauche et en France . De plus, pour retrouver «  un parti révolutionnaire utile au quotidien au peuple », 10 axes sont longuement déclinés.

L’importance donnée à cette partie du texte ne peut que laisser entendre que si « nous faisons ce que nous devons faire », ainsi que l’affirmait Georges Marchais à l’été 1972 après la signature du programme commun, il en sortira un «  Parti communiste renforcé pour ouvrir une alternative et promouvoir la paix. » Toute l’économie du texte porte à conclure que effectivement « Nous avons la légitimité à porter une candidature de rassemblement issue de notre parti. »

Mais pour enfoncer le clou, encore faut-il convaincre que seule la « démarche de rassemblement » du PCF est porteuse d’espoir. Cette démarche de rassemblement passe par le renforcement du parti, elle « s’adresse aux travailleurs·euses et à toutes les forces de gauche », elle rompt avec « celle les accords législatifs de la Nupes en 2022 et du NFP en 2024. », elle vise à « dépasser les obstacles au sein de la coalition du Nouveau front populaire qui empêchent la gauche d’être majoritaire ». La nature de ces obstacles est explicitée : « Parmi les visions stratégiques qui s’affirment à présent au sein du Nouveau Front populaire, deux conduisent à l’échec : celle du « populisme de gauche » n’hésitant pas à encourager les communautarismes, sans perspective majoritaire, et celle d’un « social-libéralisme » rénové et oublieux des désastres qu’il a provoqués. L’une et l’autre représentent des impasses, dès lors qu’elles se dérobent à l’affrontement entre le capital et le travail, qu’elles limitent leur ambition à une meilleure répartition des richesses. »

Le PCF prétend rassembler en accusant et excluant. La déroute idéologique est patente.

Débattons-en !